Le promoteur immobilier Gilles Desjardins tend la main à la Ville de Gatineau et propose sa participation pour revitaliser le centre-ville. L’homme d’affaires a laissé entendre qu’il a des centaines de millions $ à investir.
Le grand patron du groupe Brigil s’est adressé au maire de Gatineau, Maxime Pedneaud-Jobin, dans une lettre ouverte vendredi dont Radio-Canada a obtenu copie.
Dans sa missive, Gilles Desjardins dit vouloir contribuer à la relance du centre-ville.
Je vous écris pour vous offrir tout mon soutien […] au sujet de l’urgence d’agir pour ramener les citoyens et les fonctionnaires au centre-ville, fortement affecté par la COVID-19. […] Trouvons des façons d’attirer les résidents, et les services de proximité suivront. Mon équipe et moi sommes prêts à participer de la façon que vous jugerez appropriée, vous pouvez compter sur nous
, écrit M. Desjardins.
Des centaines de millions à investir, dit Desjardins
En entrevue à Radio-Canada, le promoteur Gilles Desjardins a indiqué vouloir investir des centaines de millions $, voire un milliard $.
Notre centre-ville a besoin d’amour. Il a besoin du privé, d’une vision claire. Il faut travailler ensemble. On est prêt à participer
, a-t-il indiqué vendredi.
Un autre projet sur la table à dessin
Plus tôt cette année, le promoteur a fait l’acquisition du 35, rue Laurier, situé juste en face du Musée canadien de l’histoire. La propriété comprend l’hôtel Sheraton, le stationnement adjacent et l’ancien presbytère Notre-Dame-de-Grâce.
Gilles Desjardins a dit vouloir développer sa nouvelle propriété pour en faire un projet iconique
axé sur l’achat local et le transport actif. Ce dernier donne toutefois peu de détails sur son plan, à ce stade-ci.
L’homme d’affaires veut proposer un concept différent que son projet Place des peuples, qui avait divisé la population et le conseil municipal de Gatineau avec ses tours de 35 et de 55 étages de haut. La Ville avait d’ailleurs refusé la demande de modification de zonage du promoteur.
Un sentiment de déjà-vu, dit le maire Pedneaud-Jobin
Le maire de Gatineau a réagi avec prudence à la proposition de l’homme d’affaires. Maxime Pedneaud-Jobin refuse de s’emballer trop rapidement.
J’ai joué dans ce film-là beaucoup depuis des années, où on nous dit : voici, on va faire de grandes choses […] D’un côté, je suis content qu’il y ait des promoteurs qui veulent investir. Mais on s’est fait dire des choses comme ça, notamment par monsieur Desjardins dans le passé, pour des projets qui, pour lui, étaient extraordinaires comme les tours [de la Place des peuples] qui saccageaient le quartier du Musée
, a commenté le maire Maxime Pedneaud-Jobin, vendredi, à l’émission Les matins d’ici.
Le maire de Gatineau s’est toutefois engagé à répondre en privé à l’homme d’affaires Gilles Desjardins, par écrit.
Les candidats à la mairie intéressés
Avec cette sortie, Gilles Desjardins s’invite dans la campagne électorale municipale qui se dessine à Gatineau. Les candidats à la mairie ont réagi, vendredi, aux propos de l’homme d’affaires.
Le conseiller sortant du district du Lac-Beauchamp et candidat à la mairie, Jean-François LeBlanc, croit que la Ville devrait saisir l’offre du promoteur.
Il y a d’autres villes, ailleurs au Québec, qui seraient très heureuses d’avoir un investisseur qui les appelle pour proposer de mettre plusieurs centaines de millions de dollars dans la ville. Donc, moi, j’accueille [la proposition de M. Desjardins] avec les bras grands ouverts
, a-t-il dit.
La candidate France Bélisle croit aussi que la Ville ne devrait pas lever le nez sur de telles opportunités de développement.
Ma réaction est un peu partagée. Elle est positive de voir M. Desjardins se manifester et montrer son intérêt de développer et d’investir dans le centre-ville. Et un peu déçue, parallèlement, que M. Desjardins doive se manifester. Cela veut dire que le maire ne s’est pas manifesté lui-même et n’a pas été proactif dans ce dossier-là
, estime-t-elle.
Rémi Bergeron va dans le même sens et critique l’approche de la Ville à l’égard de certains développeurs.
Il y a des promoteurs pour qui on ouvre les portes de façon grandiose, comme pour le projet Zibi. On a tout fait pour que ça fonctionne. Et quand M. Desjardins arrive, il doit se battre pour présenter ses projets. Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas. C’est inacceptable. […] Je dis M. Desjardins, car ça a fait les manchettes, mais il y a peut-être d’autres promoteurs dont j’oublie les noms qui ont eu aussi de la difficulté avec la Ville
, a lancé le candidat.
Pour sa part, Jacques Lemay, se dit ouvert, s’il est élu, à entendre les propositions de M. Desjardins, tout comme celles des autres investisseurs.
C’est de prendre soin des investisseurs. Ce n’est pas tous les jours que quelqu’un apporte un milliard de dollars sur la table pour revitaliser le centre-ville. D’ailleurs, il y a d’autres entrepreneurs qui pourraient aussi être invités […] Soyons dynamiques, ayons du leadership et allons [de l’avant] avec nos investisseurs, quels qu’ils soient. Ce n’est pas un traitement de faveur. Si un individu nous dit qu’il a un milliard à mettre dans le centre-ville, je vais le contacter
, a déclaré le candidat à la mairie.
La cheffe d’Action Gatineau et conseillère sortante du district du Plateau, Maude Marquis-Bissonnette se dit elle aussi prête à discuter avec M. Desjardins, comme avec tout autre développeur intéressé à investir dans le centre-ville, mais dans la limite des politiques de la Ville.
Les gens qui veulent contribuer au centre-ville, c’est clair que je veux m’asseoir avec eux
, dit-elle. Le cadre dans lequel la relance économique doit se faire, c’est évidemment le plan particulier d’urbanisme du centre-ville, qui est en quelque sorte un pacte social qui a été développé entre les promoteurs et les citoyens, auquel on croit. On a fait le bilan au cours de la dernière année et on a un plan d’action pour la suite des choses. Et c’est vraiment à l’intérieur de ça que doivent se développer les projets.