Le grand patron de Brigil, Gilles Desjardins, vient d’acquérir le terrain du 35, rue Laurier, sur lequel se trouve le Four Points Sheraton. De l’avis du maire Maxime Pedneaud-Jobin, il s’agit d’un des terrains les plus «stratégiques» de tout Gatineau. Le promoteur souhaite y ériger un projet «iconique» et invite la Ville à collaborer à sa réflexion.
«Je suis tout à fait ouvert à des compromis, à la discussion, lance-t-il. Je suis ouvert à discuter avec le conseil municipal, la direction de la Ville, le service d’urbanisme, tout le monde. Qu’ils me disent ce qu’ils souhaiteraient voir à cet endroit-là. Qu’est ce que les Gatinois veulent là? C’est là-dessus que je souhaite travailler. Je veux faire un projet rassembleur dont tout le monde sera content. Je veux prendre mon temps. Je ne suis pas pressé. Je ne veux pas imposer ma vision. Je veux être respectueux et j’espère que les gens seront ouverts à discuter avec moi.»
Spacieux
M. Desjardins n’a pas une idée prédéfinie de ce que sera son projet. Il ne s’agit pas du simple déménagement du projet Place des Peuples, ces deux tours de 35 et 55 étages qui ont déchiré les Gatinois lors de la dernière campagne électorale. Le zonage où se trouve le Four Points a été augmenté à un maximum de 30 étages lors du dernier mandat, alors que Richard Bégin était président du comité consultatif d’urbanisme. Les terrains nouvellement acquis par Brigil sont d’une superficie de 76 000 pi2. C’est deux fois plus grand que les terrains sur lesquels M. Desjardins souhaitait construire Place des Peuples.
«Il y a l’ancien presbytère, note M. Desjardins. C’est un bijou du patrimoine. C’est notre troisième immeuble patrimonial avec la Ferme Columbia et le Henri Burger. Je veux en prendre soin. Je crois que la préservation du patrimoine est aussi l’affaire du secteur privé. Il y a aussi un stationnement de 200 places. C’est situé juste en face du Musée canadien de l’histoire, le plus visité au pays. C’est un peu une honte d’avoir ça là. Je veux faire quelque chose avec ça c’est évident.»
M. Desjardins conserve aussi les terrains qu’il a acquis en bordure du Quartier-du-Musée (Q-d-M). Il dit vouloir respecter la citation patrimoniale du Q-d-M. Il affirme même être prêt à participer financièrement à la rénovation de maisons du quartier. «Je veux que le Henri Burger redevienne un restaurant réputé, comme à l’époque, dit-il. Il y a aussi le stationnement des soeurs. Peut-être qu’elles seraient ouvertes à vouloir en faire un parc. Il y a vraiment une vision sur 10, 15, 50 ans qu’il faut avoir pour tout ce secteur.»
Pedneaud-Jobin prêt à discuter
Les réactions politiques n’ont pas tardé. Plusieurs ont souligné que cette acquisition de M. Desjardins permet de rapatrier une propriété hautement stratégique dans le portefeuille d’un promoteur local. Les anciens propriétaires étaient de Toronto.
Le candidat à la mairie, Jean-François LeBlanc, a dit espérer un projet «similaire» à Place des Peuples. «Je vais être en mode collaboration et ouverture pour faire avancer ce projet-là, a-t-il dit. Des chambres d’hôtel pour attirer des congrès, la tour d’observation, un resto 5 diamants; ce sont des choses dont on a besoin à proximité d’Ottawa. On a fait des modifications à la planification dans le temps pour accueillir de gros bâtiments [Musée canadien de l’histoire et Casino du Lac-Leamy] et aujourd’hui on est fier de les avoir. Si on avait la possibilité d’avoir une autre icône, il faut être capable d’avoir une ouverture d’esprit.»
La candidate indépendante à la mairie de Gatineau, France Bélisle, a pour sa part salué l’approche du promoteur. «M. Desjardins est arrivé avec beaucoup d’ouverture, d’écoute et avec la patience de développer le meilleur projet possible pour Gatineau, reconnait-elle. En contrepartie, la Ville lui doit d’être à l’écoute et de travailler en collaboration avec lui. Quand j’ai annoncé ma candidature à la mairie, il y a une chose que j’ai dite et que je réitère, c’est qu’on n’a pas à dérouler le tapis rouge pour les promoteurs. Cependant, on a la responsabilité de s’asseoir et d’échanger avec ces bâtisseurs qui veulent mettre des millions dans notre ville.»
«Je suis enchantée que ce soit une personne de Gatineau qui ait fait l’acquisition d’un hôtel», a ajouté Mme Bélisle.
Le maire Pedneaud-Jobin a rappelé son attachement à la planification en vigueur dans ce secteur. Elle s’inscrit dans le schéma d’aménagement, le Plan particulier d’urbanisme et dans le plan d’urbanisme. «Si le projet qui s’en vient correspond à notre planification, c’est une excellente nouvelle, mais je vais attende de voir de quoi on parle avant de me réjouir», a-t-il affirmé.
Quant à l’invitation lancée à la Ville de Gatineau par M. Desjardins pour développer le projet en collaboration, le maire Pedneaud-Jobin répond que ça peut se faire. «Le cadre de ce que la Ville veut à cet endroit est tout à fait défini, dit-il. Si le promoteur veut avoir une discussion à l’intérieur de ce cadre-là, on peut. Si c’est à l’intérieur de ce cadre que le promoteur veut cheminer, veut avoir un dialogue, c’est certain que ça peut se faire. Ce n’est pas la façon habituelle de procéder, mais dans la mesure où la planification est respectée je suis ouvert au dialogue si on veut faire quelque chose de plus.»
De son côté, la Chambre de commerce de Gatineau (CCG) a tenu à souligner l’initiative et l’audace de M. Desjardins. «Une fois de plus, il se présente comme un grand bâtisseur et il est en train de nous servir une très belle leçon à titre d’entrepreneur, a dit le président par intérim de la CCG, Stéphane Bisson. C’est un homme d’une grande persévérance. Lorsqu’il a une idée en tête, il ne la lâche pas et je pense que pour beaucoup d’entrepreneurs, en temps de pandémie, ça nous envoie un signe qu’il ne faut pas abandonner.»












